Le célèbre designer Italien Christian Grande est surtout connu pour les marques Sessa Marine ou Invictus, mais son talent ne s’arrête pas là. Rencontre.
J’aime les designs minimalistes
qui sont pleins de détails
Si la plupart des plaisanciers connaissent les bateaux Sessa ou encore Invictus, peu d’entre eux savent qui est l’homme derrière ce design très reconnaissable. Le fondateur du cabinet DesignWorks est en effet aussi talentueux que discret. Même s’il laisse son empreinte dans les gammes Sacs, Cranchi, Abarth ou dans l’architecture, il se met rarement en avant. Rencontre avec un maître du design et de l’élégance.
Quel est votre parcours ?
« J’ai toujours été attiré par le design et particulièrement dans le domaine des bateaux et des voitures que je dessinais déjà quand j’étais enfant. L’automobile a toujours été une passion pour moi. C’est donc presque naturellement que je me suis lancé dans des études de design à l’école Modena. Mes premiers design tournaient surtout autour de l’automobile, mais petit à petit j’ai commencé a dessiner des bateaux. J’ai ensuite enseigné le design pendant deux ans puis j’ai décroché un job en 1992 chez… Sessa Marine pour travailler sur les Key Light 19 et 21 ».
Christian rencontre ensuite les gens de Sacs avec qui il commencera une collaboration. En 1998, il créé DesignWork, sa propre agence de design où il travaille pour nombre de clients, du nautisme aux produits courants, car il a toujours souhaité rester indépendant.
Travaillant dans des univers très différents, Christian garde quelques secteurs de prédilection comme le nautisme qui représente 45 % de son travail ou l’architecture qui représente, elle aussi, 45 % de sa clientèle, mais il ne ferme pas la porte aux autres univers.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Côté inspiration, Christian Grande se contente de regarder autour de lui. C’est la vie quotidienne, les voyages, les évènements de sa vie qui l’inspire. « Souvent, je vois un objet et je me dis que je pourrais le faire de manière différente. Parfois c’est une couleur, une matière qui me donne des idées. Par exemple, j’ai eu l’idée de la fameuse couleur des coques Invictus en regardant une selle de cheval. Parfois l’inspiration vient de mes pères. Pour le Sessa 68, j’ai dessiné les chaises longues sur le pont presque comme un hommage à Le Corbusier. Je suis aussi assez inspiré par le mouvement Art Déco et la simplicité de ses formes. »
Toutefois, quand je démarre un projet, j’essaye toujours de comprendre la marque, quel est son message, sa philosophie et son but. Une fois que j’ai compris ce qui il y a derrière la marque, je commence à créer mon design en m’inspirant de ce qu’il y a autour de moi. »
Pouvez-vous définir votre style en quelques mots ?
« Ce n’est évident de définir ma philosophie en quelques mots parce qu’en fait, j’essaye de vraiment me mettre dans la tête de mes clients, de comprendre ce qu’ils veulent. Toutefois, si je devais définir mon style, je dirais qu’il est propre, masculin, organique, avec une ligne simple. Tout est dans la simplicité avec une ligne directrice simple et beaucoup de soins apportés à tous les petits détails pour donner de la personnalité au produit, qu’il s’agisse d’un bateau, d’un bâtiment ou d’un autre objet. J’aime avoir un élément iconique. On peut prendre l’exemple des bateaux Invictus avec cette étrave très reconnaissable qui est la vraie signature de la marque. Ensuite, à partir de cet élément fondateur, je construis le reste de mon design et surtout, je le transforme en réalité industrielle.
Dans certains domaines, comme les yachts, le procédé est assez intéressant. Le pont principal est clairement inspiré de l’univers nautique alors que l’intérieur est plus proche de l’architecture. J’essaie alors de relier les deux mondes en utilisant certains éléments ou au travers des ponts intermédiaires. Qui plus est, je fais toujours appel à des spécialistes pour chaque partie du bateau, l’idée est d’arriver à retranscrire mon design dans la réalité pour pouvoir construire le bateau.
Je n’ai pas vraiment de matériau de prédilection même si j’apprécie beaucoup le béton et la fibre de carbone.
Quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fier ?
» C’est difficile à dire, d’une part parce que je suis assez fier de mon travail, mais aussi parce que j’ai travaillé sur des sujets très différents. En fait, j’aime les projets qui ont une âme comme les bateaux, mais aussi des projets qui ont une histoire. Je travaille par exemple sur la transformation d’une ancienne chambre forte en club très privé pour exposer une collection de montres parmi les plus chères du monde et de vins très rares.
Un endroit qui se doit d’être totalement unique et moderne, mais en conservant l’âme du lieu et le niveau de sécurité requis par le propriétaire, c’est assez fou. J’ai aussi parfois créé des designs qui ont du sens, comme la lampe Manhattan qui est un hommage aux évènements du 11 septembre 2001 à New York. »
