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Evoy 300+, l’électrique qui fait oublier le thermique

La transition écologique bouleverse un peu le marché nautique et fait apparaître de plus en plus d’entreprises proposant des solutions alternatives. C’est le cas d’Evoy, une marque norvégienne qui produit des moteurs électriques, dont cet étonnant 300 +, un hors-bord puissant et efficace.

L’idée d’Evoy est née en 2005 dans la complicité d’un père et d’un fils, Gunnar et Leif A. Stavøstrand. Leif est un homme au parcours étonnant. Né au Canada, mais élevé en Norvège; il a depuis toujours été passionné de bateaux. Une passion qui l’a conduit à naviguer aux quatre coins du monde, puis en tant que capitaine d’un pétrolier, à seulement 32 ans, avant de jet l’ancre pour voir grandir sa première fille tout en s’investissant dans l’approvisionnement de pétrole.

Architecte naval, titulaire d’un MBA en management, il a également très tôt été concerné par la réduction des gaz à effet de serre. Une préoccupation qui va déboucher sur le projet Evoy. 

Si l’idée est venue en 2005, mais le lancement de la société s’est effectué en 2018. Le premier bateau de démonstration a pris la mer en 2019 et les premiers clients ont reçu leur moteur en 2020.

Une gamme complète de moteurs marins électriques

La gamme se compose aujourd’hui de quatre motorisations inboard équivalentes à 120, 200, 300 et 400 ch et de quatre motorisations hors-bord de mêmes puissances. Dans la famille hors-bord, le 120 ch est disponible immédiatement, le 300 ch est en précommande alors que les 200 et 400 ch devraient arriver sur le marché en 2024.

Nous avons donc eu la chance de prendre en main le 300+, c’est-à-dire un moteur de 225 kW équivalent à 306 ch thermiques.

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Au premier abord, si l’on oublie le marquage sur le moteur, difficile d’imaginer qu’il s’agit d’un moteur électrique, car il est en tout point identique à un moteur thermique. En fait, l’embase et son engrenage restent identiques à un moteur traditionnel, la tête motrice a quant à elle été remplacée par un moteur électrique. À ce stade, nous ne pourrons pas en voir plus, impossible de soulever le capot, mais Evoy nous livre tout de même quelques détails dont le couple, 550 Nm, ce qui est assez conséquent et le poids, 270 kg, ce qui n’est pas plus léger qu’un moteur thermique, c’est un peu une surprise…

Du couple à revendre

Pour voir le reste, il faut se rendre à bord du bateau, en l’occurrence un Axopar 25 Croos-Top. Les batteries Lithium-ion ont été logées sous le plancher arrière et leur configuration varie en fonction des désirs du client, normal, longue autonomie ou extra longue autonomie. Elles sont étanches, selon la norme IP67 et bénéficient d’un système de refroidissement liquide. Le constructeur annonce qu’elles sont conçues pour 3 000 cycles, de quoi voir venir. Côté chargeur, Evoy propose plusieurs modèles de 3 à 22 kW

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Assis aux commandes, on découvre le système « Smart boating » qui permet, depuis un écran tactile de 10 ou 16 pouces de disposer de toutes les informations nécessaires. On y trouve bien entendu le niveau de charge des batteries, la consommation en kilowatts et l’autonomie restante en milles. On peut aussi trouver une estimation de la quantité de CO2 sauvés et cet écran peut être connecté à un GPS, à une radio et même recevoir les prévisions météo.

Pour cela, le système profite d’une connectivité complète compatible Wifi, Bluetooth et 4G. En option, il est même possible de connecter un sondeur et un système AIS.

Une accélération puissante et immédiate 

La première bonne impression se situe bien entendu au niveau sonore puisque le moteur Evoy ne fait aucun bruit au ralenti ni même à vitesse réduite. Un volume sonore qui reste d’ailleurs très faible puisqu’en navigation, on entend quasiment que le bruit de la pignonnerie.

Moteur électrique oblige, le couple est disponible immédiatement, en opposition à un moteur thermique. Dès lors, si l’on pousse franchement la poignée des gaz (je veux dire la poignée de l’électricité), on se retrouve presque collé au siège. Avec notre Axopar 25, le déjaugeage est effectué avant même que l’on ait le temps d’y penser. 

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Très linéaire, le moteur accélère sans broncher tandis que la vitesse défile sur le GPS.  30, 35 puis 39 noeuds en pointe, le tout dans presque 1 m de creux. À titre indicatif, sur le même bateau, avec un 250 ch Mercury sur mer plate, nous avions accroché 41 noeuds en pointe…, c’est-à-dire une vitesse tout à fait similaire et qui sera même un peu supérieure avec le moteur électrique dans de bonnes conditions. 

Très réactif, l’Evoy ne bronche pas aux sollicitations. On note toutefois une reprise un peu molle quand on passe du régime de croisière à la vitesse maxi, mais en usage plaisance ce n’est pas significatif. Au final, c’est étonnant et assez plaisant.

Une autonomie de 37 milles à, 25 noeuds

Question autonomie, le constructeur propose plusieurs configurations. Pour le 300+, Evoy annonce une autonomie de 37 milles à 25 noeuds. Lors de notre essai, nous avons passé 40 minutes sur l’eau, dont 30 minutes en ne ménageant pas le moteur et en étant souvent à fond. Au retour à la marina, le Smart Boating indiquait qu’il nous restait 66% d’autonomie. En poussant le moteur pendant 30 minutes, nous n’avons donc utilisé que 34% de batterie, c’est plutôt pas mal et cela correspond aux chiffres avancés par le constructeur. On peut donc bel et bien imaginer une journée complète en mer sans se soucier de l’autonomie.

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Dernier élément, mais pas des moindres, le tarif. Disponible n 2023, le 300+ est pour le moment annoncé à partie de 74 900 euros, un prix auquel il faut ajouter le pack de batteries qui s’échelonne quant à lui de 69 800 à 209 400 euros selon un barème provisoire. 

Au final, nous avons été emballés. Le système reste évidemment un peu cher pour le moment, mais la facilité d’utilisation, la puissance disponible et l’absence de bruit font un peu oublier ce détail. Ce qui est sur, c’est que cette fois, nous avons enfin une alternative crédible aux moteurs hors-bord traditionnels. 

Fiche Technique

Puissance225 kW (306 ch)
Couple550 Nm
Poids270 kg
Autonomie37 milles à 25 noeuds
Tarif au 1er janvier 2023à partir de 75 000 €

2 Comments

  1. Bonjour Messieurs
    L’idée est naturellement excellente et certainement durable dans le temps
    Je souhaiterai moi même changer mon 300CV Mercury Optimax pour un moteur électrique hors bord ou in bord mais sincèrement le prix n’est pas un peu cher mais totalement inaccessible et continuera à favoriser les moteurs thermiques
    Il faut être réaliste que l’ensemble soit un peu plus cher que le prix du moteur thermique OK mais là c’est voué à l’échec à mon plus grand regret croyez moi …
    Cordiales salutations

    1. Bonjour et merci de votre intérêt. Nous sommes encore au stade des prototypes à l’image du moteur présenté ici. Dans les prochains mois et prochaines années, la technologie et l’industrialisation devraient permettre de diminuer le coût de la propulsion électrique. Cela commence déjà à être le cas dans l’automobile.

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